Une conférence par Hasina ANDRIAMAHAY
SALON AINA - MeetUp de la Femme Malagasy - Dimanche 8 mars 2020 à 16h30
Loft Gambetta - 66 rue Pelleport -75020 Paris
Pourquoi nous sommes tou(te)s féministes...
Castratrice, hystérique, exagérément passionnée, obsessionnelle, sorcière... c'est ainsi que l'on qualifie souvent la "féministe". A chaque mouvement lancé par une féministe ou un groupe féministe, la société n'a jamais pu endiguer, ni les protestations outrées voire violentes des hommes qui se sentent menacés, ni la voix des femmes qui se disent pour l'égalité mais ne sont surtout pas féministes. Mon intervention lors du Meetup de la Femme malagasy à Paris, le 8 mars dernier s'adresse à ces derniers.
Si toi aussi tu souhaites que les hommes et les femmes aient les mêmes droits, si toi aussi tu souhaites que la parité soit réellement effective au travail: à travail égal, salaire égal, qu'il y ait autant d'hommes que de femmes décisionnaires au sein des institutions, que mari et femme aient les mêmes libertés et droits au sein du foyer... alors toi aussi, à ta manière, tu es féministe. Car ce que nous voulons c'est l'égalité des droits pour les hommes et les femmes et non des droits inférieurs pour les hommes.
Ce n'est surtout pas un phénomène de mode, ce n'est pas une lubie de femmes seules et aigries, ce n'est pas la lutte d'une frivole à la vie dissolue qui veut vivre hors du système ou qui veut dominer l'homme... c'est un mouvement lanceur d'alerte qui sert de garde-fou à une société trop rapidement encline à remettre en question des droits déjà acquis ou à condamner, opprimer toutes celles qui veulent s'émanciper. Et plus que jamais il est temps d'amplifier ce mouvement !
"Il suffira d'un crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question.Vous devrez rester vigilantes votre vie durant."Simone de Beauvoir
Pourquoi nous engager est un acte citoyen
Parce-que les femmes malagasy sont encore battues, violées par les pères, les frères, les oncles, les maris, les voisins... en toute impunité la plupart du temps.
Parce-que nous ne pouvons pas en parler sans être brimées, parce-que trop souvent nous n'éprouvons même plus le besoin de manifester notre désaccord.
Parce-que l'inégalité est devenue banale, la normalité est la femme en tant que citoyenne de seconde zone.
Parce-que le modèle que nous suivons est celui d'une société qui peine à sortir du carcan du patriarcat importée d'une idéologie religieuse venue d'ailleurs n'accordant pas la parole aux femmes, la soumettant aux hommes.
Parce-que nos valeurs traditionnelles qui accordaient la place d'une reine ou d'une déesse à la femme ont été bafouées et que nos soixante années d'indépendance n'ont pas su gommer cet état de fait.
Parce-que l'hypocrisie semble être une meilleure alternative que la liberté, la parité, le partage des tâches, l'égalité d'accès aux droits.
Parce-que nous prônons le "fihavanana" mais nous permettons encore la violence,
nous permettons que l'autre moitié de la population n'aie pas accès à l'éducation,
nous permettons que des femmes ne travaillent pas pour ne pas devenir autonome,
nous permettons que les femmes soient moins payées et soient dévolues aux basses besognes
nous permettons que les hommes dirigent le pays et n'accordent aux femmes que les miettes du pouvoir
nous permettons que pour accéder à certains postes le canapé est l'option incontournable,
nous permettons le harcèlement moral au travail, sur la place publique, sur les lieux de culte, partout,
nous permettons que les femmes elles-mêmes oppriment leurs semblables sans notion de sororité aucune,
nous permettons que nos fils deviennent les oppresseurs de demain en ne les éduquant pas à devenir des hommes de valeur…
Parce-que nous avons oublié que donner du poids à la femme est un vecteur de développement, donner une place aux femmes fera de notre nation, une nation forte,
Cependant, tout espoir n'est pas vain. Nous avons à donner. De plus en plus de mouvements féministes et humanistes bourgeonnent à travers l'île jusque dans sa diaspora.
Désormais, nous avons soif de "faire grandir", "d'éduquer pour l'égalité", d'instruire" pour la parité,
Désormais, nous voulons nous engager pour les bonnes causes, pour que soient transmises les bonnes valeurs qui ont fait de nous un grand peuple par le passé,
Désormais nous exhortons tout le monde à faire de la lutte un acte citoyen!
"Je suis de la génération égalité" #générationégalité #taranakamiralenta